Trois ans déjà sont passés et l’heure est venue pour moi de dresser un bilan de mi-mandat.
Je dois commencer par faire amende honorable parce qu’en retournant sur la blog que je vous avais promis d’alimenter régulièrement, je me suis sentie comme une abonnée à la salle de sports : je suis venue trois fois et j’ai disparu.
Pour ma décharge :
- l’année 2020 ne compte pas, il y a bien eu des réunions par Zoom mais c’est difficile de tirer quoi que ce soit de ce type d’échange, si on peut qualifier les réunions Zoom d’échange.
- En 2019 il y a eu énormément de réunions reportées faute de quorum. Dans ce cas, la réunion a lieu la semaine d’après mais, comme elles sont prévues longtemps à l’avance, je bloque les créneaux dans mon agenda bien en amont et je n’ai pas souvent pu annuler mes réunions de travail la semaine d’après pour aller au CROAIF. Ce qui fait que je n’ai pas assisté à beaucoup de réunions cette année là, je m’en excuse.
Ce mandat fut très bizarre, plein de trous et pas très enthousiasmant. Un peu à l’image de notre profession d’ailleurs qui se dégrade lentement mais sûrement. Et pourtant, il ne s’est pas rien passé non plus.
Il y a eu la loi ELAN qui a fini par passer malgré une résistance notable de la profession, j’en ai largement parlé dans le blog alors je ne développerai pas trop mais je me souviens de cette manifestation que nous avons organisé devant le ministère de la culture. « Nous », c’est les organisations professionnelles, nous avions bien sollicité le soutien de l’Ordre National et même du CROAIF pour ma part. Mais l’institution, bien que d’accord sur le principe n’a pas voulu appeler à manifester. Le CNOA a concentré toute son « action » sur une conférence de presse d’un collectif regroupant l’Ordre et des associations de « la société civile », c’est très bien de s’ouvrir aux autres et de chercher le soutien des non architectes. Mais cela était-il incompatible avec une action de la profession sur ce sujet qui nous concerne au plus haut chef ? Bref, le ministère a dû recevoir une délégation et Denis Dessus a dû venir « à la dernière minute » pour y participer. Car, qu’on le veuille ou non c’est l’Ordre qui est l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics et ces derniers ne voulaient pas nous recevoir sans notre institution. Que se serait-il passé si le CNOA avait appelé à manifester ? Personne ne le saura jamais.
Ensuite il y a eu « l’affaire » de l’amende de l’autorité de la concurrence. ça aura certainement échappé à beaucoup mais notre profession a été sanctionnée par l’autorité de la concurrence pour « … ». Je ne rentrerai pas dans les détail, DpA a fait un très bon communiqué sur le sujet que vous trouverez en cliquant sur le lien : communiqué
Il semblerait que « l’affaire » soit en appel. D’ailleurs, ce qui est le plus gênant dans ma dernière phrase, c’est l’emploi du conditionnel. Car le CNOA ne communique rien, même en étant conseillère ordinale, je ne sais rien. Il y a bien eu un communiqué laconique en 2019 (certainement légal d’ailleurs) et depuis RIEN.
J’imagine qu’ils ont de très bon arguments pour agir de la sorte, comme :
- ça risquerait de nous porter préjudice et de nous faire perdre encore plus.
- D’autres Ordres ont été condamnés pour des faits similaires. Il paraîtrait que certains conseillers nationaux seraient vexés parce que notre amende est moins élevée que celle de l’ordre des infirmiers. C’est sans doute une légende mais comme elle est calculée sur le chiffre d’affaire, vous savez ce qu’il vous reste à faire : devenez infirmiers ! Ou infirmières si vous préférez.
Face à ces arguments valables, on peut quand même s’interroger. Dans un contexte où les honoraires baissent de manière continue et où les architectes peinent souvent à se faire payer le maigre subside âprement négocié, n’était-ce pas l’occasion d’ouvrir un large débat sur le sujet en communiquant sur cette affaire ? En quoi un débat aurait-il porté préjudice à la profession ? En sommes nous à ce point où l’on ne peut plus débattre d’un sujet fondamental pour notre survie sans risquer une condamnation ? Et si c’était le cas, le CNOA accepterait-il de se rendre complice de cette privation de parole ?
Enfin, le troisième dossier qui a marqué cette période c’est la formation continue. Il n’aura échappé à personne que depuis 2020, l’ordre sanctionne les architectes qui ne répondent pas à leur obligation de formation. Là encore, cela m’amène à m’interroger :
- Le rôle de l’ordre est-il uniquement de contrôler et sanctionner les architectes ?
- Le problème principal de notre profession est-il la formation continue ? La meilleure formation n’est-elle pas la production architecturale elle-même ? A l’heure de la raréfaction de la commande (principalement publique, la plus « formatrice » à mon avis), était-ce la priorité ?
- Dans un contexte de diminution des chiffres d’affaires des agences, quelle offre de formation qualitative et abordable proposer ? N’est-ce pas cela le rôle de l’ordre plutôt que le contrôle ?
Ce sujet aussi aurait mérité un débat, mais les CROA ont appliqué les directives du CNOA en organisant le contrôle un point c’est tout.
A la lecture de ce bilan, on peut se demander pourquoi continuer. A quoi ça sert tout ça ? Surtout que le contexte sanitaire (selon l’expression consacrée) n’aide pas à entrevoir une issue. Et bien en fait, pour ma part ça m’a un peu réveillée, je me suis dit : « stop, ça suffit ! On arrête de supporter l’insupportable, on se redresse et on se bat ! »
C’est la raison pour laquelle, DpA a lancé son appel à candidature pour les élections renouvelant les conseillers régionaux de l’Ordre, huit architectes ont répondu à l’appel avec dynamisme et volonté de se battre pour enfin faire bouger les lignes.
C’est pour cela que je me suis impliquée dans cette campagne, que je vous invite à voter pour tous les candidats DpA et que je vous appelle à soutenir cette liste. Car, si l’Ordre n’a pas en son sein des conseillers engagés et combatifs, tout passera sans résistance.
Parce que plus que jamais l’Ordre doit s’ouvrir aux architectes et sortir de sa léthargie pour nous permettre de débattre et s’unir car c’est ensemble que nous pourrons peser.